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27 Apr 2023
Perspective

« Voyager avec un objectif » : une vue d’ensemble par Saúl Blanco Sosa

Par Karla Noemi López

Fort de ses vingt ans d’expérience dans le secteur des voyages, un spécialiste nous explique comment voyager peut contribuer à l’apprentissage et à un monde meilleur et comment les entreprises touristiques peuvent adopter des pratiques responsables à long terme, comme les audits et les certifications qui constituent pour elles des garanties de fiabilité et de durabilité.  

Passionné par le développement durable dans le secteur des voyages, Saúl Blanco Sosa, directeur du programme de voyage durable chez Preferred by Nature, nous fait part de ses réflexions sur le sujet et les procédures de certification. Saúl fait ses débuts dans le secteur des voyages en 1994 et s’attache, pendant les 25 années suivantes, à développer des concepts de certification touristique destinés aux hôtels, aux voyagistes et aux autres entreprises du secteur, à mieux connaître le tourisme communautaire et à exercer ses différentes fonctions de conseiller, coach et formateur.

Saúl estime que le voyage est un outil éducatif très puissant. Il est capable de transformer la perception du monde qu’ont les gens par le partage et l’échange des valeurs et patrimoines culturels, par la richesse et la diversité des cuisines, des langues et des communautés. Le voyage durable combine tous ces éléments pour aider à découvrir l’incroyable diversité du monde et les richesses qui en dépendent.

Réfléchir sur le voyage étant un moyen d’apprendre inestimable, Saúl explique que le secteur peut réellement transformer notre manière d’appréhender la société, les coutumes et les cultures et influencer favorablement les échanges entre des gens d’origines différentes. Saúl est convaincu que le secteur du voyage, après celui de l’éducation, a la capacité d’agir sur les mentalités et les modes de vie. C’est donc un outil merveilleux pour changer la société, c’est même peut-être un instrument de paix.

Cependant, si le tourisme constitue une belle opportunité de développement, il est aussi un facteur potentiel de désintégration des communautés, de détournement du patrimoine et des valeurs culturelles, dont les conséquences négatives pour la population locale peuvent être multiples. Reste à savoir si nous pouvons stopper complètement le tourisme.

« Nous ne pouvons pas empêcher les gens de voyager, d’explorer ou de se demander s’il est possible d’interdire certaines destinations aux touristes. Puisque cet objectif est vain, économisons nos efforts pour faire émerger des relations plus fructueuses entre les populations locales et les touristes, affirme-t-il ». 
 

Le pouvoir des audits 

Selon Saúl, l’audit est un moyen puissant d’observer de près une situation donnée, de se rendre compte de son statut et, en fonction, de délivrer un sceau d’approbation. Le concept de l’audit n’est pas la seule approche possible mais il confère une dimension officielle. Les audits indépendants en particulier donnent une interprétation objective du positionnement de l’entreprise. La procédure d’audit apporte de la précision et un cadre formel. Elle ne doit pas être mesurée selon des critères de réussite ou d’échec. Les entreprises et les organisations devraient la considérer comme un processus d’évaluation qui « ajoute de la valeur à leur parcours depuis un point de vue extérieur ».

Saúl renchérit en soulignant que « les entreprises et les organisations doivent prendre conscience que l’audit n’est pas une fin en soi mais un moyen de progresser sans cesse, au final c’est cela le développement durable. Un audit permet de comprendre où vous en êtes, de réaliser que certaines choses que vous pensiez bien faire ne sont pas si bien que ça, ou qu’elles pourraient être mieux. C’est ce type d’échanges qui font de l’audit un bon outil d’amélioration continue ».  

Saúl ajoute que « l’audit est lié à la certification et que les entreprises sont souvent peu disposées à y recourir car elles ont l’impression qu’il s’agit d’une conformité passive, juste de cocher des cases sans prise en compte des changements réels. Or, un audit indépendant ne consiste pas à cocher des cases mais à donner aux entreprises du secteur des voyages la possibilité de mesurer l’efficacité de leurs actions par rapport à des critères validés et à leur fournir un avis sur leur manière de s’organiser et des pistes pour continuer à progresser ». Saúl laisse entendre qu’il faut sortir de sa zone de confort et des critères de conformité et s’attaquer en continu aux vrais problèmes.

 

Bonnes et moins bonnes pratiques  

Les bonnes pratiques que la plupart des hôtels mettent en avant, comme les programmes de réutilisation, éteindre les lumières, etc. sont devenues la norme avec le temps. Mais elles ne reflètent pas l’engagement de l’entreprise en matière de développement durable. Ce qu’il faut surtout retenir c’est qu’un hôtel responsable doit mettre en place des actions à long terme.  

Saúl souligne que l’engagement est le premier signe de la responsabilité d’une entreprise et quand elle s’engage publiquement, elle dit haut et fort qu’elle veut améliorer son impact sur l’environnement, la société et la culture. Voilà comment nous voulons progresser d’une manière qui nous soit profitable mais qui bénéficie aussi à l’environnement, aux parties prenantes et aux personnes avec lesquelles nous travaillons. Être en mesure de rendre compte régulièrement d’améliorations réalistes et tangibles, de reconnaître les failles et de mettre en avant ce qui a réussi est très important.

Faire preuve d’honnêteté par rapport aux difficultés rencontrées tout en essayant de trouver des solutions pour y remédier est aussi un cheminement que les entreprises du secteur doivent emprunter. « Nous devrions évoquer publiquement les problèmes et les défis auxquels nous faisons face afin qu’on puisse s’y atteler et trouver des solutions, sinon ils ne seront jamais pris en compte », ajoute-t-il.

 

Pratiques responsables 

Le gaspillage alimentaire est une préoccupation majeure des secteurs de l’hôtellerie et des voyages. D’énormes quantités de nourriture sont gaspillées dans certaines destinations tandis qu’une partie de la population souffre de la faim. Il est primordial pour les entreprises hôtelières de circonscrire ces pertes et garantir des portions de taille appropriée et préparées de manière à éviter qu’elles soient jetées, voire les réutiliser lorsque cela est possible. Pour cela, il est nécessaire de calculer et d’analyser la chaîne d’approvisionnement alimentaire, de bien choisir ses sources d’approvisionnement et de connaître leur impact en matière d’environnement et d’empreinte sociale. Trouver des moyens de réduire l’empreinte alimentaire en ayant recours aux ressources locales est idéal.

« Il ne s’agit pas simplement de respecter l’environnement mais aussi de responsabilité sociale. Où vous approvisionnez-vous ? Auprès de qui ? Qui soutenez-vous ? Seriez-vous en mesure de soutenir des startups locales ? Voilà le type d’initiatives que nous essayons de mettre en place et de choix que nous proposons aux entreprises », explique Saúl.

 

Quels sont les avantages de la certification ? 

Les certifications aident les organismes et destinations touristiques à connaître et contrôler leur impact environnemental et social et leur permettent de mener leurs activités de manière plus responsable. Par ailleurs, pour mesurer leurs progrès socioéconomiques, étroitement liés au développement, il est crucial que tous les aspects touristiques soient gérés et planifiés de manière responsable. La certification peut jouer un rôle majeur pour franchir ces étapes.  

« La certification est un outil d’accompagnement au développement durable, mais elle ne doit pas constituer l’unique solution. Nous sommes là pour soutenir des initiatives globales sur le plan mondial, pas pour résoudre tous les problèmes. Soyons clairs, l’objectif de la certification n’a jamais été de résoudre tous les problèmes de durabilité, or certaines entreprises en font un usage abusif en profitant de l’ignorance des consommateurs », affirme Saúl.

Photo by Saúl Blanco Sosa/Preferred by Nature
Saúl Blanco Sosa/Preferred by Nature

Idée essentielle à retenir 

L’important quand on part en vacances, c’est de ne pas se précipiter. Mieux vaut choisir une destination et en profiter le plus possible. C’est une expérience touristique enrichissante qui a également un impact positif sur la communauté et la consommation locales. Elle peut en outre s’avérer bénéfique pour les petites entreprises et les autres touristes qui s’intéressent au voyage durable.  

« Éviter les destinations multiples ou le tourisme multisites et essayer de rester plus longtemps au même endroit. Prendre le temps de s’imprégner des lieux et de comprendre ce qui s’y passe. C’est ce qui fera la puissance des souvenirs que vous emporterez avec vous. Et pour finir, voyager responsable et profiter de chaque instant du séjour », conclut-il.

 

Cet article est une adaptation du podcast Saving Tomorrow's Planet. Pour l’écouter, veuillez cliquer ici

 

Preferred by Nature a récemment mis à jour son standard pour des activités de voyage durables couvrant leurs aspects les plus déterminants. Cette nouvelle version est en adéquation avec les objectifs de durabilité internationaux, via le Cadre de durabilité de Preferred by Nature et les critères du Conseil mondial du tourisme durable [Global Sustainable Tourism Council (GSTC)]. Pour en savoir plus sur le standard, veuillez cliquer ici.

 

 

 

For more information, please contact:

Saúl Blanco Sosa
Director, Sustainable Travel Programme
Travel Lead
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