Alors qu’il est confronté à de terribles difficultés, le secteur caféier du Costa pourrait bénéficier d’un atout majeur : sa conformité au RDUE
Lorsque la double peine de la sécheresse et du gel a frappé les plantations brésiliennes en 2022, le prix du café s’est envolé. Au lieu de permettre aux petits pays voisins de se démarquer, le taux de change a fait grimper les coûts de production pour la plupart d’entre eux. Avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, le prix des engrais et des pesticides a augmenté au moment où la production au Costa Rica atteignait son plus bas niveau en 40 ans.
« Le secteur du café dans le pays traverse une véritable crise. Une combinaison de facteurs qui a abouti à, comme on dit, une "tempête parfaite" au Costa Rica », raconte Guillermo Trejos Soto.
Guillermo Trejos Soto a deux casquettes : il est président de l'Institut du café du Costa Rica (ICAFE), où il représente le secteur du café du Costa Rica, et dirigeant de la coopérative caféière Coopelibertad, où il gère 1200 exploitants et dont il constitue l’un des plus gros exportateurs vers le marché européen.
Si les défis sont pléthores, il est convaincu que le bien-être des membres de Coopelibertad est plus important que des marges bénéficiaires ponctuelles.nbsp;

« Notre raison d'être en tant qu’organisation, est d’améliorer la qualité de vie des familles de producteurs. Par conséquent, nous ne mesurons pas nos résultats en termes de profit et de perte, mais plutôt selon les moyens que nous employons pour les aider », affirme-t-il avant de poursuivre :
« La plupart du temps, un producteur de café est évalué à la quantité ou la qualité de sa récolte. Nous, nous le mesurons à sa qualité de vie. C’est ce que cherche à obtenir l’organisation. Bien évidemment, c’est le commerce du café qui nous réunit, nous essayons donc d’assurer sa rentabilité. »
Guillermo Trejos Soto
Président de l'Institut du café du Costa Rica (ICAFE)
Le cadre de Preferred by Nature a permis à Coopelibertad de se préparer efficacement au RDUE, explique son dirigeant, Guillermo Trejos Soto.
La qualité a un coût
Avec sa masse continentale à peine plus grande que celle de la Suisse, le Costa Rica n’est pas en mesure de concurrencer les volumes produits par les grands pays caféiers comme le Brésil. Ce pays d’Amérique centrale s’est donc concentré sur une production de café haut de gamme, offrant des conditions de vie favorables, y compris en accordant des crédits, des subventions et d’autres avantages destinés aux petits exploitants.
Selon Guillermo Trejos Soto, la qualité implique cependant des coûts de production plus élevés dus, notamment, aux engagements sur les plans social et environnemental pris par le secteur caféier costaricain, contrairement à bon nombre de leurs concurrents.
Avec des coûts de production plus élevés et la garantie que 78 % du prix FAB – le prix d’un bien à la frontière du pays exportateur – se retrouve dans la poche du producteur, le prix du marché du café costaricain sera évidemment plus élevé que le café provenant de pays où les exploitants sont moins protégés et la qualité est inférieure.
« La clientèle n’en est pas consciente. Elle pense que les prix sont fantaisistes, qu’il s’agit d’un excès de confiance ou de relations commerciales abusives. Peut-être n’avons-nous pas réussi à lui faire comprendre que, si nous voulons continuer à produire du café respectant ces critères, nous devons conserver ce niveau de prix », explique Guillermo Trejos Soto.
Impacts
- Les coopératives telles que Coopelibertad défendent les intérêts de ses membres, en particulier des petits exploitants, en leur augmentant leur pouvoir de négociations sur les marchés.
- Elles leur accordent souvent des lignes de crédit, proposent des formations et d’autres avantages auxquels ils n’ont souvent pas accès.
- Les coopératives peuvent aussi aider leurs membres à se faire certifier, processus trop onéreux pour un exploitant individuel.
- Les coopératives ont un impact sur les plans social et environnemental.
Pionnier de la lutte contre la déforestation
Avec l’entrée en vigueur du nouveau règlement, la clientèle de Coopelibertad va peut-être devoir réviser ses principes sur les prix du café costaricain. À la fin de l’année 2024, le règlement de l’UE sur la déforestation (RDUE) va exiger de la part des importateurs et des grandes entreprises d’assurer la pleine traçabilité de leurs chaînes d’approvisionnement et de faire preuve de diligence raisonnée. « Des exigences que le secteur du café au Costa Rica a déjà mises en œuvre », affirme Guillermo Trejos Soto.
“« Je pense que cette nouvelle demande pour un café sans déforestation avantage le Costa Rica. Le marché va désormais chercher des produits qui, non seulement sont durable et respectueux de l’environnement, mais aussi responsables en termes de déforestation. Je suis convaincu que le Costa Rica fait partie des pays pionniers dans ce domaine », déclare-t-il.
Afin de garantir sa conformité avec le RDUE, Coopelibertad a appliqué le cadre de durabilité de Preferred by Nature. Dubbed Surnommé « le couteau suisse de la certification durable », il est très flexible et permet aux producteurs et aux entreprises d’ajouter les exigences du RDUE aux programmes de certification existants ou de l’utiliser comme un programme de certification exhaustif indépendant.
De son côté, le Costa Rica est bien préparé car la collecte de données et la traçabilité sont déjà intégrées au système. Guillermo Trejos Soto ajoute que les exploitants ont même accès à une application qui leur permet de fournir les données de géolocalisation requises par le RDUE.
Nous avons déjà un certain volume de café sans déforestation prêt à être exporté à un client européen. À l’heure actuelle, nous sommes bien positionnés pour générer des exports qui respectent les critères du règlement et nous espérons que cela nous permette de dégager des parts de marché », déclare-t-il.
Chiffres sur le café au Costa Rica
- Un pour cent de la production mondiale de café
- Plus de 70 pour cent du café costaricain est cultivé dans des régions montagneuses aux altitudes extrêmement diverses. Le sol, enrichi par la cendre volcanique, apporte de l’oxygène aux fèves et développe leurs arômes.
- Le Costa Rica compte environ 50 000 plantations individuelles, dont 90 % font moins de cinq hectares.
- Principale variété : l’arabica
Source: Yale Climate Connections