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02 Dec 2022
Perspective

“Rice consumption patterns are shifting”: An interview with Catur Utami Dewi

Par Karla Noemi López

Une spécialiste, qui exerce depuis deux décennies dans les domaines de l’agriculture durable, des marchés inclusifs et des systèmes alimentaires, nous parle des défis et de l’avenir du secteur du riz mondial. 

Catur Utami Dewi est directrice du programme Riz international de  Rikolto. Cette organisation à but non lucratif belge est membre de la plateforme Sustainable Rice Platform (SRP), et œuvre dans les circuits de l’alimentation durable dans 17 pays. Catur Utami Dewi supervise ses programmes riz dans 8 pays d’Afrique et d’Asie.

 

Lorsqu’elle était directrice régionale chez Rikolto en Indonésie, elle gérait l’organisation et ses programmes dédiés au riz, au cacao, au café et à la cannelle durables à qualité garantie ainsi que le programme Food Smart Cities en Indonésie. Catur Utami Dewi est aussi membre du conseil d’administration de Preferred by Nature et de celui de SRP qu’elle représente à l’observatoire du riz de la CEDEAO

 

Nous avons discuté avec Mme Dewi afin de mieux comprendre les tendances du secteur international du riz, ses problèmes et solutions potentielles, d’analyser ses insuffisances et de savoir comment y remédier pour favoriser sa durabilité.

 

Dewi

Selon vous, pourquoi le riz est-il une denrée essentielle ? 

 

Le riz étant cultivé dans plus d’une centaine de pays, c’est une denrée mondiale importante d’un point de vue économique et nutritionnel. Qu’il constitue une source de revenu ou une nourriture de base, le riz joue un rôle prépondérant dans la vie de milliards de gens. Cinq cent millions de tonnes métriques de riz ont été consommés dans le monde entre 2020 et 2021. Plus de 16 % des apports caloriques de la population mondiale proviennent du riz, juste derrière le maïs. Le riz fait partie de l’alimentation de base de 3,5 milliards de gens et ce nombre devrait augmenter de 25 % d’ici 2050. Le secteur du riz fournit un moyen de subsistance à plus de 20 % de la population mondiale.

 

Par ailleurs, le riz est autant victime que responsable du changement climatique. À toutes les saisons, les cultures sont exposées à la sécheresse, aux inondations, à l’intrusion de l’eau salée, aux températures défavorables, etc… qui affectent la subsistance des petits cultivateurs de riz. D’autre part, la production de riz émet 4 kg d’équivalent CO2 et requiert 1 400 litres d’eau par kilo produit.

 

Quelles sont les tendances actuelles du secteur du riz au niveau mondial ?

 

L’agroécologie, les systèmes alimentaires durables et un secteur du riz durables sont actuellement privilégiés. Certains pays commencent à prendre en compte le secteur agricole, parfois spécifiquement le riz, dans leurs stratégies de réduction des émissions et des impacts du changement climatique pour atteindre les objectifs des contributions déterminées au niveau national (CDN), conformément à l’accord de Paris.

 

Les schémas de consommation du riz changent. Par exemple, dans des pays comme l’Indonésie, le Vietnam et le Japon, l’évolution du régime et des préférences alimentaires de la population a eu pour effet une diminution de la consommation moyenne de riz par tête. 

 

En revanche, la consommation de riz augmente en Afrique. C’est une denrée qui devient accessible et abordable et sa préparation culinaire étant plus simple que celle des aliments traditionnels, elle permet de gagner du temps. Au Sénégal, un de nos pays partenaires, le riz était auparavant réservé aux occasions spéciales mais il fait désormais partie du régime alimentaire de la population. Globalement, la demande en riz augmente avec la croissance de la population.

 

Selon vous, quels sont les défis majeurs rencontrés par le secteur du riz et comment les aborder ?

 

Pour répondre à la demande croissante de riz sans porter atteinte à sa qualité ou représenter une charge environnementale excessive, il est crucial pour ce secteur de devenir plus durable afin de fournir une nourriture fiable et abordable pour les consommateurs, créer des emplois et un revenu décents pour les petits paysans notamment les femmes et les enfants, et aussi réduire son impact sur l’environnement. 

 

Quant au facteur productif du travail, le problème principal vient du fait que la majorité des paysans ont plus de 50 ans. Pour disposer d’une réserve de main d’œuvre suffisante, nous devons trouver des moyens de rendre la culture et le commerce du riz plus attractifs pour les hommes et les femmes et en particulier les jeunes. La qualité de la main d’œuvre (ressources humaines) dans ce secteur doit aussi s’améliorer.  

 

Donc, pour combler l’écart en termes de connaissances, les paysans doivent avoir accès à des programmes de formation et de développement des compétences, approfondir leurs connaissances, adopter des techniques agricoles innovantes et utiliser des technologies appropriées. L’amélioration des pratiques de production associée à l’accès à des intrants de qualité contribuera à augmenter la production, réduire les coûts et favorisera la résilience des exploitations. L’adaptation au changement climatique est l’un des domaines qui doit absolument figurer au programme de formation des agriculteurs.

 

La mécanisation contribue à améliorer les procédés de production, réduire la pénibilité du travail et rendre ce dernier plus attractif et efficace. L’apport de capital physique, comme de nouveaux outils et machines, et l’amélioration de l’existant est important. Cependant, investir pour augmenter la production exige de pouvoir accéder à suffisamment de financement. De nombreuses institutions, publiques et privées, en sont conscientes et cherchent des moyens d’aider les petits agriculteurs, notamment les femmes, à accéder à des financements et mettent en place des programmes d’assurance agricole pour réduire les risques.  

 

Un autre élément crucial de notre concept consiste à promouvoir des politiques et programmes d’acteurs publics et privés encourageant la production de riz durable. Grâce à cette approche, nous pouvons montrer que ça marche et convaincre d’autres acteurs de suivre l’exemple, en l’adaptant à leur propre situation.  

 

Les groupes de consommateurs sont nombreux. Quel rôle peuvent-ils jouer pour rendre le riz plus durable ?  

 

Au-delà de la demande d’aliments plus sains, de plus en plus de consommateurs et consommatrices prennent conscience des enjeux agroécologiques. Ils réclament que la structure et la gestion de nos systèmes alimentaires trouvent un équilibre entre l’utilisation des ressources naturelles, la protection de l’environnement et les exigences de la production, la viabilité économique, la sécurité alimentaire et le bien-être social de toutes et tous.

 

L’éducation des consommateurs peut renforcer ce processus. Informés des procédés de production du riz, ils devraient, dans l’idéal, demander à ce que le riz soit cultivé de manière saine, responsable sur le plan environnemental et social et garantisse une consommation durable. Minotiers, grossistes, négociants et entreprises peuvent tous jouer un rôle important en communiquant auprès des consommateurs et consommatrices, en augmentant leur contribution et en garantissant la stabilité du secteur. Les secteurs privés et publics devraient aussi travailler main dans la main.

 

Ces changements de comportement relatif à la consommation vont vraisemblablement commencer dans les sociétés à la prospérité croissante, où les gens veulent et peuvent payer un prix juste pour leur alimentation.  

 

Comment créer les conditions de la durabilité dans le secteur du riz ?

 

Le riz contribue aux émissions de gaz à effet de serre à une large échelle. Comme je l’ai dit précédemment, la production d’un kilo de riz émet au total quatre kilogrammes d’équivalent CO2. Étant donné l’ampleur, des interventions sont nécessaires pour réduire cette quantité. L’utilisation des déchets, au lieu de brûler la paille de riz par exemple, peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et promouvoir une économie circulaire. Pour y parvenir, il faut optimiser les pratiques de gestion de la chaîne de valeur du riz qui comprend les étapes de la production, du traitement, du transport et d’autres domaines.

 

Si les agriculteurs cultivent du riz de manière équitable de façon à répondre à la demande avec moins d’effets nocifs sur l’environnement, le secteur peut devenir durable. Ce changement pourrait aussi être profitable pour les paysans et les producteurs de riz. Un secteur durable n’en serait que plus attractif pour les paysans, en particulier leurs revenus. 

 

Quels seraient les avantages pour les agriculteurs s’ils adoptaient des pratiques durables ?

 

Pour augmenter son bénéfice (dans des conditions de stabilité des prix), il faut soit produire plus avec les mêmes intrants, soit produire autant avec moins d’intrants. C’est-à-dire réduire les coûts de production. Dans les deux cas, les procédés de production sont les facteurs clés. Des subventions ponctuelles, par exemple, peuvent aussi servir de mesures incitatives. De bonnes pratiques agricoles, conformes au standard de la Sustainable Rice Platform (SRP) pour la culture du riz, peuvent augmenter les revenus des paysans de 10 à 20 %, principalement en réduisant les coûts de production. Cependant, lorsque le niveau de productivité est faible, une productivité accrue peut aussi augmenter les revenus. Les agriculteurs seront également moins exposés aux intrants chimiques et le riz issu de leur ferme sera plus sain pour leur consommation personnelle. 

 

Quelles recommandations aimeriez-vous faire pour que l’action de Preferred by Nature influe sur le secteur du riz ?

 

Preferred by Nature s’attache à garantir la durabilité des secteurs dans lesquels elle s’investit. Elle dispose des connaissances, de l’expertise et de l’expérience nécessaires pour contribuer de manière significative à relever les défis du secteur du riz.  

 

Pour avoir un impact réel, Preferred by Nature devrait travailler avec d’autres parties prenantes, organisations, gouvernements et institutions. Les initiatives collaboratives, la création de réseaux et la promotion de certaines politiques sont incontournables pour la transition écologique du secteur du riz. Le programme Riz international de Rikolto est heureux de travailler en partenariat avec Preferred by Nature chaque fois que la situation le permet et lorsque c’est bénéfique pour la filière.

 

Avertissement : les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne prétendent pas refléter celles de Preferred by Nature.

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