FSC : Une utilisation « systématique » de la blockchain dans cinq ans
L’écolabel, pionnier dans son secteur, doit régulièrement faire face à des critiques concernant sa norme « Chaîne de contrôle », qui s’est révélée vulnérable à la fraude et à la falsification. Un programme-pilote basé sur l’utilisation de la blockchain pourrait permettre de rétablir la confiance entre l’ONG et ses parties prenantes.
Le Forest Stewardship Council (FSC), qui salue « l’énorme potentiel révolutionnaire » de la blockchain, teste actuellement cette technologie sur sa norme « Chaîne de contrôle ».
Au cours des dernières années, la Chaîne de contrôle FSC a été l'objet de vives critiques, y compris de la part d’André de Freitas, ancien directeur général du FSC, qui, en 2014, a qualifié la norme de « mythe » du fait de son système papier de vérification des transactions, qui laisse la possibilité de manipuler frauduleusement les volumes certifiés.
Le FSC a donc décidé d’utiliser la blockchain, d’abord dans un programme-pilote prévu jusqu’en octobre cette année, puis, en fonction des retours et des enseignements tirés de cet essai, potentiellement à plus grande échelle. Avec cette initiative, l’organisation s’attend à ce que ce système fiable d’enregistrement des données devienne la « norme ».
« Les entreprises veulent s’assurer que leurs fournisseurs sont certifiés, mais aussi que le parcours des matières qu'elles achètent peut être retracé jusqu'à la source », déclare Michael Marus, responsable de l’information et directeur informatique.
« Je pense que c’est un grand pas en avant. Nous essayons de nous concentrer sur toutes les problématiques que nous mettons en lumière lors de nos enquêtes. Et cette initiative représentera une solide avancée pour renforcer ce qui existe déjà. Si cette technologie peut devenir la norme pour toutes les matières, il y a bien d’autres choses que nous pouvons également mettre en œuvre », affirme Michael Marus.
Confiance et transparence
Par le passé, le FSC a développé plusieurs outils informatiques pour renforcer son système papier de vérification des transactions, comme la Online Claims Platform (OCP), un système basé sur le volontariat qui invitait les détenteurs de certificat à renseigner leurs transactions sur une base de données. Mais, après s’être révélé un échec, l’OCP a été « mise à la retraite » en 2019.
Grâce à la nature décentralisée et quasiment impossible à falsifier de la technologie basée sur la blockchain, même plusieurs parties qui s’associeraient ne seraient pas en mesure de manipuler le volume de matières certifiées enregistré dans la chaîne.
« La blockchain est plutôt avantageuse, car elle permet de maintenir la confiance tout en offrant un certain niveau de transparence qui crée un lien entre tous les acteurs d’une même chaîne d’approvisionnement sans avoir à révéler d’informations commerciales sensibles. Ce système donne la possibilité aux parties prenantes de rester connectées de manière à ce que le parcours de toutes les matières puisse être retracé jusqu'à la source », explique M. Marus.
La blockchain a été conçue en 2008 comme registre distribué public pour le Bitcoin, une cryptomonnaie. Si la cryptomonnaie a vu sa réputation quelque peu ternie du fait de cas de fraudes et d’excès de consommation d’énergie dus au « minage de bitcoin », la technologie basée sur la blockchain est rapidement devenue populaire auprès des entreprises et des grandes marques qui souhaitent documenter leurs chaînes d’approvisionnement de manière fiable et transparente.
Jusque-là, les problèmes de conformité étaient examinés a posteriori par le FSC et ASI, mais la blockchain permet de découvrir les anomalies en temps réel grâce à l’analyse des volumes enregistrés. C’est évidemment un énorme avantage, selon Michael Marus.
La blockchain peut-elle donc tout faire ?
« Elle ne peut pas accomplir des tâches qui n’impliquent pas de données. Elle ne peut pas remplacer les audits. Les détenteurs de certificat traitent-ils leurs employés correctement ? Adhèrent-ils à nos principes et critères ? La blockchain ne doit pas être considérée comme une simple vérification qui prouve que votre entreprise peut retracer le parcours de toutes les matières jusqu’à la source. La certification FSC va bien au-delà », déclare Michael Marus.
Le FSC invite désormais les entreprises à participer au programme-pilote, qui se concentrera sur les chaînes d’approvisionnement courtes à haut risque. Toutes les entreprises sont les bienvenues, selon M. Marus, qui souligne que la blockchain FSC s’adresse à toutes les sociétés, quelle que soit leur taille :
« Leurs compétences informatiques ne sont pas forcément approfondies, c’est pourquoi nous avons créé un formulaire web, une feuille de calcul et une API, un outil pour connecter leurs systèmes de gestion à notre blockchain. Nous avons essayé de satisfaire les besoins de toutes les entreprises, qu’elles soient grandes ou petites », explique Michael Marus.
L’essor de la blockchain
De plus en plus d’entreprises adoptent la blockchain pour surveiller les données relatives à leurs produits, que ce soient des articles en bois complexes ou de simples produits agricoles, et cette nouvelle technologie n’est pas près de disparaître :
« Nous devons être en mesure de vérifier la conformité des produits à tout moment. Je suis convaincu que cette initiative deviendra un atout majeur pour le FSC en tant que système, en termes de conformité, mais également un outil précieux pour les entreprises certifiées. Pour moi, dans cinq ans, cette technologie sera systématiquement utilisée par le FSC. Et je pense que ce phénomène sera le résultat de véritables besoins de toutes les parties », conclut Michael Marus.
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